Un couloir sombre

Il fit non de la tête.

- Du tout. Passe une bonne soirée.

Tam toum, Les bruits des bottes de Freyja résonne dans le couloir. Elle vient apostropher Sun.

- Sun ?

Freyja n’avait jamais rencontré une personne avec les mêmes cheveux qu’elle.

Freyja s’arrête instinctivement en voyant le Pouffsoufle se retourner. Elle sent une sorte d’aura émanant de son interlocuteur.

- B..Bonjour.

C’était une des premières fois qu’elle ressentait cela. L’atmosphère de la pièce devait y jouer pour beaucoup.

- Bonjour.

Sa voix placide sembla flotter dans l’air morne un instant. Il inclina légèrement sa mâchoire.

- Tu veux..?

- J’entends tout le monde me dire que j’ai un frère ici à cause de la couleur de mes cheveux… Je voulais savoir qui pouvait bien avoir les mêmes cheveux que les miens.

Elle déglutit, se sentant un peu mal a l’aise.

- …

Elle n’arrive à rien dire de plus.

Il resta silencieux un instant.

- Ah… d’accord.

Bon sang… Le silence est assourdissant. Son rythme cardiaque s’accélère.

- Tu.. tu es en quelle année ?

Il faut dire que la longue chevelure blanchâtre de son interlocuteur lui rappelait vraiment son frère qui lui manquait, comme vous l’aurez compris, vraiment beaucoup.

Elle hoche à nouveau la tête et hésite quelques instants avant de lui demander.

- Pourquoi as-tu les cheveux blancs ?


Elle devait en avoir le cœur net. Était-ce, comme dans sa famille, une symbolique eschatologique.

Il arqua subrepticement un sourcil.

- Et bien… j’imagine que ma mère les avait comme ça…

Son regard se détacha de celui de Freyja pour venir se fixer sur les flammes dansantes d’une torche.

- Ça ne vient certainement pas de mon père…

- Tu es né avec les cheveux de cette couleur ?

Ses yeux s’écarquillent, elle s’approche d’un pas.

- Vraiment ?

Des histoires à ce propos, elle en avait entendu. En voir un pour de vrai, était-ce seulement réel ?
Elle fait un pas supplémentaire

- Pourquoi ça ne pourrait pas venir de ton pere ?

Son regard était toujours porté sur les flammes.

- Il était blond.

- As-tu déjà vu une autre personne avec les cheveux immaculés ?

Elle s’avance encore d’un pas, avec un regard s’approchant de celui d’une fanatique.

- Connais tu la légendes de ces cheveux ?

A sa première question il ne répondit pas, mais sa moitié de regard revint se poser sur la jaune. Il pinça très légèrement les lèvres.

- Hm?

A nouveau elle s’approche de son aîné.

- …

Freyja doit commencer à être proche de Sun.

- Souhaites tu l’entendre ?

-Il s'agit de la Légende de l'Astre - Lecg : Le navigateur Ajubilé. Il s'agit d'une histoire authentique qui a eu lieu il y a plusieurs centaines d’années.

Freyja sourit, elle est heureuse de pouvoir, enfin, raconter cette histoire.

- Lecg et son équipage, un talentueux groupe de sorciers en quête d'absolution, naviguèrent dans les océans inexplorés. Meurtris, abusés et désabusés par leur époque, ils décidèrent de chercher une terre vierge d'humains, une terre épargnée par le péché et le malin. Après des années à naviguer, ils trouvèrent finalement une petite ile dans les océans chaud. Une île particulière qu'ils appelèrent l'Astre. Sur cette ile, la magie était visible, elle vivait, tournoyait, dansait. Elle se matérialisait même au centre de l'île de l'ile en fluates blanchâtres.

Elle s'éclaircit la gorge

- Les premiers mois sur cette île furent abondant, opulant. La magie semblait littéralement naître de cet endroit. Lecg avait finalement trouvé ce qu'il était venu chercher, la pureté.
Hélas, la force de cet endroit venait de sa pureté. Et ; la plus petite des actions aurait les plus graves des conséquences. En 1346, ils furent témoin de cet équilibre fragile. Lorsque, de l'amour de deux sorcier, un être naquis. Ils apprirent malheureusement trop tard que :

de l'île, une chose se créa ;

Du monde, quelque chose dû être payé en retour.

- Ainsi, afin de contrebalancer cette création pure, un aspect chaotique s'échappa de l'île.

La voix de Freyja prend plus d'ampleur, de gravité.

- Ce fléau se fit appeler la peste ; elle ravagea le monde pendant des années ; jusqu'au sacrifice de Lecg. En effetn il ne fallut pas longtemps avant que les sorcières fussent tenues au courant de l'état du monde extérieur. Les humains mourraient tous d'une maladie, ils avaient été punis pour avoir profané un lieu de leur amour égoïste. Tous savaient mais tous ignoraient. Le problème des autres n'étaient pas le leur.

Son ton devient bien plus limpide, ses mots glissent et se répondent les uns les autres. Elle connait l'histoire par cœur.

- Jusqu'au sacrifice du Capitaine Lecg : Ne pouvant se résoudre à laisser le monde mourir, il décida de sacrifier l'enfant qui n'aurait du naître avec, en compensation de la profanation, son humanité.
Le lendemain, alors que le soleil fut déjà haut dans le ciel, Lecg décida de prendre ses responsabilités. En un sortilège, l'enfant fut abattu, la mal exorcisé et ; l'humanité de Lecg envolé. Ne pouvant se confronter à quelconque justification n'étant pas à la portée des, désormais humains qui composait son équipage, il tua chacun d'eux durant les jours qui suivirent. Finalement, il jura de veiller sur ce lieu jusqu'à la fin des temps. Son humanité disparue se traduisit physiquement par l'absorption de toute nuance en lui. Sa peau devint blanche. Ses yeux devirent aveugles, ses cheveux...

Elle indique de son index, ses cheveux blancs.

- Blancs.

Elle conclue.


- J'ai résumé grandement l'histoire pour ne pas t'assaillir d'informations. Je pourrais entrer plus en détail si tu veux. Mais l'idée derrière cette chevelure est de rendre hommage à une personne qui a su tout sacrifier pour le bien commun. Dans ma famille, nous lui rendons hommage de cette manière. Toi... il est possible que ce ne soit qu'un hasard, ou pas mais... Personnellement, je pense que tu peux être la réincarnation de cette idée, de cet aspect.

Elle s'incline légèrement et vient tourner ses talons.

- J'ai été ravi de te rencontrer Sun.

Freyja commence à s'en aller, assez brusquement. Les raisons lui appartiennent.

Il papillonna des yeux à certains moments de son discours, mais, du reste, demeura de marbre.

- Ravi également..?

Freyja sentira le regard de son aîné peser sur son dos un instant, puis celui-ci se mit lui-même à s’éloigner, reprenant sa route.